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CORRESPONDANCE

1835. À LA PRINCESSE MATHILDE.
Dimanche [avril 1879].
Ma chère Princesse,

Je compte vous voir à la fin de ce mois. Serez-vous encore à Paris ? Si vous êtes à Saint-Gratien, j’irai à Saint-Gratien. Car, il m’ennuie de vous, démesurément. Rester si longtemps sans le spectacle de votre personne est une des tristesses de ma vie, qui d’ailleurs en est pleine.

Un rhumatisme s’est jeté sur mon articulation, de sorte que je boite et souffre toujours, mais bien peu de chose à côté du reste.

Le roman de Goncourt m’a plu[1]. Au commencement, je me suis révolté contre certaines afféteries et négligences de style. Puis je me suis laissé empoigner et, en somme, je trouve ce livre plein de talent. Telle est mon opinion sincère.

L’Exposition ouvre demain. Je vous vois errant dans les salles et considérant les tableaux. Dites-moi ce que vous pensez du portrait du père Cloquet par ma nièce. Votre opinion m’importe. La pauvre femme est si à plaindre !

J’ai eu ces jours-ci la visite de Tourgueneff. Il m’a l’air désolé de l’état de son pays. Le nôtre n’est pas encore si bas. Est-ce que le prince Impérial est malade ? Vous devez être inquiète.

  1. La Fille Elisa.