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DE GUSTAVE FLAUBERT.

est prodigieux. J’ai beaucoup usé du deuil où je suis censé être, comme conséquence de la mort de mon beau-frère. Mais il faut maintenant trouver autre chose. N’importe ! Les gens du monde sont impitoyables pour ceux qui travaillent.

Le Conseil municipal de Rouen, devant lequel est revenue la question de la fontaine Bouilhet, recommence à me taper sur le système. Quels idiots et quels envieux ! J’espère cependant en venir à bout et ils n’en ont pas fini avec moi, votre ami ne lâchant pas le morceau.

Connaissez-vous la Fille Élisa ? C’est sommaire et anémique, et l’Assommoir, à côté, paraît un chef-d’œuvre ; car enfin, il y a dans ces longues pages malpropres une puissance réelle et un tempérament incontestable. Venant après ces deux livres, je vais avoir l’air d’écrire pour les pensionnats de jeunes filles. On va me reprocher d’être décent et on me renverra à mes précédents ouvrages.

J’en ai lu un, avant-hier, que je trouve bien fort : Les terres vierges de Tourgueneff. Voilà un homme, celui-là ! Le volume paraîtra dans un mois.

Demain je suis convié au mariage civil de Mme Hugo avec Lockroy et j’irai, bien entendu. Le père Hugo me semble de plus en plus charmant et, en dépit de tout, j’adore cet immense vieux. Il me fait une scie continuelle avec l’Académie française. Mais pas si bête ! pas si bête !

Que vous dirais-je bien maintenant ? Je suis perdu dans les combinaisons de mon second chapitre, celui des sciences, et pour cela je reprends des notes sur la physiologie et la thérapeutique, au point de vue comique, ce qui n’est point un