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CORRESPONDANCE

et comme elle sera amusante, plus tard, dans les livres !

Vous me parlez de la Correspondance de Balzac. Je l’ai lue quand elle a paru et elle m’a peu enthousiasmé. L’homme y gagne, mais non l’artiste. Il s’occupait trop de ses affaires. Jamais on n’y voit une idée générale, une préoccupation en dehors de ses intérêts. Comparez ses lettres à celles de Voltaire, par exemple, ou même à celles de Diderot ! Balzac ne s’inquiète ni de l’Art, ni de la religion, ni de l’humanité, ni de la science. Lui et toujours lui, ses dettes, ses meubles, son imprimerie ! Ce qui n’empêche pas que c’était un très brave homme. Quelle vie lamentable ! Et vous savez sa fin ? Il a dit à Mme de Surville, qui a redit le mot à Mme Cornu : « Je meurs de chagrin » — du chagrin que lui causait son épouse !


1692. À LA PRINCESSE MATHILDE.
Croisset, mercredi soir [août 1877].

Le ton de votre dernière lettre était si lamentable qu’elle m’a fait un vrai chagrin. Comment, Princesse, vous vous laissez abattre jusqu’au découragement absolu ! Pourquoi ? Qu’y a-t-il de changé dans votre position ? Qui vous menace ?

Je voudrais être un bon prédicateur évangélique pour vous envoyer des consolations et, comme on dit vulgairement, vous « remonter le moral ».