tempes étroites dénotaient un entêtement de bélier, un intraitable orgueil. Jamais il ne calerait.
— Voilà, d’ailleurs, ce qui me soutient !
C’était un amas de journaux, sur une planche, et il exposa, en paroles fiévreuses, les articles de sa foi : désarmement des troupes, abolition de la magistrature, égalité des salaires, niveau moyen par lequel on obtiendrait l’âge d’or, sous la forme de la République, avec un dictateur à la tête, un gaillard pour vous mener ça, rondement !
Puis il atteignit une bouteille d’anisette et trois verres, afin de porter un toast au héros, à l’immortelle victime, au grand Maximilien !
Sur le seuil, la robe noire du curé parut.
Ayant salué vivement la compagnie, il aborda l’instituteur et lui dit presque à voix basse :
— Notre affaire de Saint-Joseph, où en est-elle ?
— Ils n’ont rien donné, reprit le maître d’école.
— C’est de votre faute !
— J’ai fait ce que j’ai pu !
— Ah ! vraiment ?
Bouvard et Pécuchet se levèrent par discrétion. Petit les fit se rasseoir, et s’adressant au curé :
— Est-ce tout ?
L’abbé Jeufroy hésita ; puis, avec un sourire qui tempérait sa réprimande :
— On trouve que vous négligez un peu l’histoire sainte.
— Oh ! l’histoire sainte ! reprit Bouvard.
— Que lui reprochez-vous, monsieur ?
— Moi, rien. Seulement il y a peut-être des choses plus utiles que l’anecdote de Jonas et les rois d’Israël !