Page:Flaubert - Bouvard et Pécuchet, éd. Conard, 1910.djvu/365

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le sang se renouvelle, et il pataugea dans la circulation.

Le dilemme n’est point commode ; si l’on part des faits, le plus simple exige des raisons trop compliquées, et en posant d’abord les principes, on commence par l’absolu, la foi.

Que résoudre ? Combiner les deux enseignements, le rationnel et l’empirique ; mais un double moyen vers un seul but est l’inverse de la méthode. Ah ! tant pis.

Pour les initier à l’histoire naturelle, ils tentèrent quelques promenades scientifiques.

— Tu vois, disaient-ils en montrant un âne, un cheval, un bœuf, les bêtes à quatre pieds, on les nomme des quadrupèdes. Généralement, les oiseaux présentent des plumes, les reptiles des écailles et les papillons appartiennent à la classe des insectes.

Ils avaient un filet pour en prendre, et Pécuchet, tenant la bestiole avec délicatesse, leur faisait observer les quatre ailes, les six pattes, les deux antennes et sa trompe osseuse qui aspire le nectar des fleurs.

Il cueillait des simples au revers des fossés, disait leurs noms, et quand il ne les savait pas, en inventait, afin de garder son prestige. D’ailleurs, la nomenclature est le moins important de la botanique.

Il écrivit cet axiome sur le tableau : Toute plante a des feuilles, un calice et une corolle enfermant un ovaire ou péricarpe qui contient la graine. Puis il ordonna à ses élèves d’herboriser dans la campagne et de cueillir les premières venues.