Page:Flaubert - L’Éducation sentimentale éd. Conard.djvu/383

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— Tant mieux ! le Peuple enfin se réveille depuis le procès Teste-Cubières79.

— Moi, ce procès-là m’a fait de la peine, dit Dussardier, parce que ça déshonore un vieux soldat !

— Savez-vous, continua Sénécal, qu’on a découvert chez la duchesse de Praslin80… ?

Mais un coup de pied ouvrit la porte. Hussonnet entra.

— Salut, messeigneurs ! dit-il en s’asseyant sur le lit.

Aucune allusion ne fut faite à son article, qu’il regrettait, du reste, la Maréchale l’en ayant tancé vertement.

Il venait de voir, au théâtre de Dumas, le Chevalier de Maison-Rouge, et « trouvait ça embêtant ».

Un jugement pareil étonna les démocrates, ce drame, par ses tendances, ses décors plutôt, caressant leurs passions. Ils protestèrent. Sénécal, pour en finir, demanda si la pièce servait la Démocratie.

— Oui… peut-être ; mais c’est d’un style…

— Eh bien, elle est bonne, alors ; qu’est-ce que le style ? c’est l’idée !

Et, sans permettre à Frédéric de parler :

— J’avançais donc que, dans l’affaire Praslin…

Hussonnet l’interrompit.

— Ah ! voilà encore une rengaine, celle-là ! M’embête-t-elle !

— Et d’autres que vous ! répliqua Deslauriers. Elle a fait saisir rien que cinq journaux ! Écoutez-moi cette note.

Et, ayant tiré son calepin, il lut :

« Nous avons subi, depuis l’établissement de