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La troisième, concernant la presse, punissait d’une amende de 10,000 à 50,000 francs l’outrage à la personne du roi et toute attaque contre le principe du Gouvernement, par le moyen de la presse. Elle soumettait les journaux à une discipline sévère ; elle interdisait de jouer aucune pièce de théâtre et de mettre en vente aucun dessin sans autorisation préalable.

P. 80. Lord Guizot. — L’opposition reprochait à Guizot ses complaisances anglophiles. M. Thureau-Dangin rapporte que le jour de l’entrée des cendres de Napoléon à Paris, il y eut des cris de : À bas Guizot ! À bas les traîtres ! À bas les Anglais !

P. 83. Ce qui l’inquiétait principalement, c’était la frontière du Rhin. — Au lendemain de la Révolution de 1830, lorsqu’on put craindre une nouvelle coalition de l’Europe contre la France, il y eut une explosion patriotique extraordinaire. Les républicains évoquèrent les souvenirs de 1792 et se montrèrent chauds partisans d’une guerre, qui nous permettrait de déchirer les traités de 1815 et de prendre la rive gauche du Rhin ; on peut dire qu’ils étaient les interprètes d’une très grande partie de l’opinion française. La Révolution de 1830, qui avait arboré pour la première fois depuis quinze ans le drapeau tricolore, semblait aussi nationale que libérale, une sorte de revanche contre les Alliés. Tout fut calmé par la politique pacifique de Casimir Périer.

En 1840, lors des difficultés relatives à l’Égypte, il y eut une explosion toute pareille. On se mit à chanter la Marseillaise et à parler de la rive gauche du Rhin. La brochure d’Edgar Quinet, 1815 et 1840, est très significative à cet égard. Les Allemands ripostèrent en évoquant les souvenirs de 1813 ; ce fut alors que Becker composa son chant fameux : « Ils ne l’auront pas, le libre Rhin allemand. » Musset répondit, en 1841, par son « Rhin allemand ».

Il est à noter que cette préoccupation des libéraux et des républicains français relative à la frontière du Rhin avait été celle de Charles X. En 1830, il avait traité secrètement à ce sujet avec le tsar de Russie ; la France devait s’emparer de la rive gauche du Rhin et appuyait la Russie du côté des provinces danubiennes.

P. 83. Il comparait le style de M. Marrast à celui de Voltaire. — Marrast (1801-1852) était un ancien maître d’études du lycée Louis-le-Grand et de l’École normale. Au début du règne de Louis-Philippe il dirigeait le journal républicain, la Tribune, ce qui lui valut de nombreuses condamnations. Après l’insurrection d’avril, Marrast fut emprisonné, mais réussit à s’évader avec plusieurs de ses codétenus. Il vécut à l’étranger jusqu’à l’amnistie. Rentré en France, il devint à la mort de Carrel le prin-