à mon aise, sans aucune crainte de péril. Si même je n’étais venu dans la solitude qu’après l’exercice des passions, leur rêve maintenant ne me tourmenterait pas… peut-être. Je connaîtrais les caresses qui damnent… le charme des affections maudites… les férocités du plaisir…
Ah ! encore ! encore ! où ma pensée court-elle ? Je finis par perdre toute possession de moi-même, tant elle se trouve diffuse et répandue.
Autrefois pourtant j’étais calme, je vivais dans la simplicité de ma foi, et, chaque matin, quand je m’éveillais, je sentais mon âme s’épanouir sous le regard de Dieu, comme une prairie couverte de rosée qui fume au soleil !… — Oui, autrefois ! au commencement… je venais de quitter la maison…
J’ai souvenir d’une basse-cour, entre quatre murs, avec une mare bourbeuse, un large fumier gras et une auge de bois neuf, toujours pleine de son. Je dormais à l’ombre, le groin posé sur des tétines roses, et j’avais continuellement dans la gorge le goût du lait.
Qui l’habite maintenant, la maison paternelle ?… Oh ! comme ma mère pleurait, quand je suis