Mais, dit le ministère public, sa mort est volontaire, cette femme meurt à son heure.
Est-ce qu’elle pouvait vivre ? Est-ce qu’elle n’était pas condamnée ? Est-ce qu’elle n’avait pas épuisé le dernier degré de la honte et de la bassesse ?
Oui, sur nos scènes, on montre les femmes qui ont dévié, gracieuses, souriantes, heureuses, et je ne veux pas dire ce qu’elles ont fait. Questum corpore fecerunt. Je me borne à dire ceci. Quand on nous les montre heureuses, charmantes, enveloppées de mousseline, présentant une main gracieuse à des comtes, à des marquis, à des ducs, que souvent elles répondent elles-mêmes au nom de marquises ou de duchesses ; voilà ce que vous appelez respecter la morale publique. Et celui qui vous présente la femme adultère mourant honteusement, celui-là commet un outrage à la morale publique !
Tenez, je ne veux pas dire que ce n’est pas votre pensée que vous avez exprimée, puisque vous l’avez exprimée, mais vous avez cédé à une grande préoccupation. Non, ce n’est pas vous, le mari, le père de famille, l’homme qui est là, ce n’est pas vous, ce n’est pas possible ; ce n’est pas vous qui, sans la préoccupation du réquisitoire et d’une idée préconçue, seriez venu dire que M. Flaubert est l’auteur d’un mauvais livre ! Oui, abandonné à vos inspirations, votre appréciation serait la même que la mienne, je ne parle pas du point de vue littéraire, nous ne pouvons pas différer vous et moi à cet égard, mais au point de vue de la morale et du sentiment religieux tel que vous l’entendez, tel que je l’entends.