Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/172

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a perdu un vaisseau d’Ibrahim-Pacha, est toute droite comme un canal (elle est à droite en montant, lorsqu’on suit le grand chenal). Cinq hommes s’y jettent pour m’amuser, trois sont montés sur des troncs de palmiers et deux sont à la nage.

Mahatta. — Je monte dans notre sandal conduit par deux enfants, qui me mènent jusqu’au village de Mahatta, où doit arriver la cange. Bouquets de palmiers entourés de petits murs circulaires, au pied d’un desquels fumaient deux Turcs ; c’était comme une gravure, une vue de l’Orient dans un livre.

Dans la poussière se traînait un enfant rachitique, ses cuisses n’étaient pas plus grosses que le bas de ses jambes, et son dos était bossu comme s’il avait eu la colonne vertébrale cassée.

Au village nubien que j’ai traversé avec Joseph, il m’a montré un jouet d’enfant, consistant en un tout petit bout de bois d’où partent plusieurs lanières de cuir, dont quelques-unes sont garnies de perles de couleur, le tout est recouvert de trois ou quatre loques grises de poussière.

Nous rembarquons nos bagages apportés par des chameaux. — Sassetti couvert d’armes.

Après Mahatta, les palmiers deviennent fort gros. Une file de bœufs du Kordofan passe à gauche sur la rive droite, le Nil va se resserrant, les montagnes ne le quittent plus ; il a l’air de ne pas couler ; le courant, si fort en deçà des cataractes, est ici faible.

Mercredi 13. — Il passe devant nous une migration de cigognes. — Fête grotesque donnée à Fergalli : il est nommé pacha, ses sujets viennent lui présenter leurs hommages ; avec leur main et