Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/190

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Les grottes d’Ibrim, au bord du fleuve, élevées de 8 à 9 pieds, sont une bonne mystification : il n’y a rien du tout, cela m’égaie pour toute la journée.

Nous passons l’après-midi couchés à l’avant du navire, sur la natte de raïs Ibrahim, à causer, non sans tristesse ni amertume, de cette vieille littérature, tendre et inépuisable souci ! — Le soir, arrivés et couchés à Hamada.

Korosko. — Mardi 2 avril, temps de khamsin, journée lourde, le soleil est caché par des nuages. En arrivant, à midi, à Korosko, il m’arrive comme les exhalaisons d’un four (comparaison littérale), des bouffées de vent chaud, on s’en sent les poumons chauffés (sic). D’où vient le vent ? voilà de quoi rêver.

Un jeune homme dont j’avais arrangé l’affaire a la première cataracte en montant (c’était la même affaire que celle dans laquelle figure le soldat, mon guide de la première cataracte avait déchiré, je crois, une milayah à celui-ci) me reconnaît (je lui avais payé l’amende de l’autre), il m’accompagne jusqu’au bout du pays, au chemin de Kartoum.

Il y a un petit campement d’Ababdiehs à crinières léonines. Un d’eux est appuyé sur un bâton passé sur sa nuque, avec les deux mains ramenées au bout comme un ours ; sa chevelure est ramenée en arrière. Il a parlé aux hommes qui étaient avec lui, c’était comme le claquement de bec d’un pélican. Je reviens, des chameaux sont couchés au soleil ; dans une maison, un petit enfant crie.

Joseph me rejoint, nous allons jusqu’au bout