Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/284

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

urne et la seconde carrée à la romaine, les chiens ch… tout autour.

Grande cour, ancien camp fortifié, garni de quantité de petites arcades supportant des arcades ; ça a un aspect de cirque et me rappelle au premier coup d’œil les arènes de Nîmes. — Traces de boulets anglais ; la veille, avant d’arriver à Saint-Jean-d’Acre, nous avions trouvé un obus dans les champs. — Nous voyons des femmes qui s’enfilent sur un côté de la tête des brochettes de piastres d’argent ou des talaris.

Jusqu’à Caïffa on suit le bord de la mer ; sur le rivage des débris de pastèques, quelques-uns blanchis par le soleil, à l’intérieur, ont l’air de crânes vidés. Rien n’est plus triste qu’un beau fruit sale. — Paniers échoués, débris des naufrages, des nattes aussi, carcasses de vaisseaux enfouis dans le sable comme seraient d’animaux marins morts de vieillesse sur la grève. Au fond de la rade un vaisseau sur le flanc, qui n’a plus que sa membrure et un mât, ressemble à une mâchoire dans laquelle serait fiché un cure-dent. — Nous passons deux rivières à gué, la seconde assez large et plus profonde, nos chevaux ont de l’eau jusqu’au ventre.

Caïffa. — Rien, ville neuve, bazar ouvert, sans nattes pour garantir du soleil. — L’agent français nous dit que les Wahabites se sont emparés de la Mecque. — Sur la plage, un oiseau de mer, gris avec le bout des plumes noires et bas sur pattes (une mouette), volait et marchait devant moi, tantôt partait puis se rabattait tout doucement. J’étais dans un bon état. — De Caïffa au Carmel on monte. Au pied du raidillon qui mène au monastère, énormes oliviers, creux en dedans : la