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Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/358

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tout le pays pour trouver une place où camper, nous nous fixons pour une place près d’un moulin, sous un noyer au sud du temple. La couleur des ruines de Baalbeck est magnifique, quelques colonnes sont devenues presque rouges ; tantôt à midi, en arrivant, une partie de frise, couronnant les six grandes colonnes debout, m’a semblé un lingot d’or ciselé. Voilà un paysage historique comme aucun peintre que je sache n’en a encore fait ; rien n’y manque, ni la ruine, ni les montagnes, ni le pâtre, ni l’eau qui coule et dont j’entends le bruit maintenant. La lune n’est pas encore levée, j’espère la voir demain sur la frise.

Vers 3 heures, nous sommes sortis visiter le temple où nous sommes restés deux heures. Dans la cour, assis sur une pierre à l’ombre, à côté d’un jeune garçon qui nous servait de guide et dont le nez était brûlé par un coup de soleil, nous avons pensé tout haut à l’« Imperium romanum ».

Samedi 14 septembre, Baalbeck, 7 h. ½ soir.

La lune brillante, dans le ciel bleu, cru et froid, luit sur le petit bois de peupliers qui est derrière nous, noir maintenant, au bord du ruisseau dans lequel Sassetti a lavé son linge tantôt.

Le temple ou les temples (l’état de dévastation ne permet pas de reconstituer l’ensemble) est tout entouré ou mieux encombré par la forteresse moyen âge qu’on a bâtie avec et tout autour. Une partie de l’ancienne enceinte du temple subsiste encore sur le côté Ouest, c’est là (et sur le côté Sud quelques-unes) qu’on voit d’immenses pierres cyclopéennes faisant mur, que M. Michaud attribue à un âge antérieur à l’âge romain. Le naos est ce