Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/395

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figuiers énormes, de temps à autre un palmier ; intérieur de tours turques, orangers et citronniers. La ville, sous le ciel en deuil, est d’un ton gris désagréable, ce qui tient à cette vilaine couleur sèche grise de pierres.

L’Arsenal. — Rien, un palmier dans la cour, de vieilles carabines turques, quelques hallebardes et fauchars.

Palais des Grands Maîtres. — Insociabilité des Kurdes qui l’habitent ; le camarade de celui qui nous répondait du dedans, si brutalement, portait sur la tête une petite jatte de lait et ne disait rien ; haut turban, pantalon à grandes raies rouges. — Intervention de l’officier turc, il débarricade la porte et nous ouvre.

Grande cour quadrilatérale ruinée, couvercles carrés pyramidiformes, en bois, pour recouvrir du grain. — Sur la face Nord, grand escalier, une galerie en dessus. — C’est au bout, vers le corps de bâtiment supérieur, qu’est le harem des Kurdes exilés.

Le soir, visite à Pruss. — Sa mère ! — Sa femme ! — Les Turcs et les Juifs sont seuls admis à habiter dans l’enceinte de la ville. Pourquoi les Juifs ? est-ce en récompense de quelque service rendu pendant le siège ?

Le drogman du consulat de France était un petit vieux juif, roux, très poli, très vif. Nous avons été lui faire une visite : maison propre, limonades et gâteaux d’amandes au miel ; sa belle-fille, femme de trente ans, fort grosse, rousse, mais dont on ne voit pas les cheveux, excitante, babouches jaunes, robe-redingote vert et or, ceinture large brodée d’or et rattachée par deux