Page:Flaubert - Notes de voyages, II.djvu/340

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Le lendemain, bois sur un plateau, puis bas-fond. On côtoie les contreforts d’une montagne à ma gauche. — Ravin, grandes vagues d’herbes à n’en plus finir, toutes à gauche ; défilé, Medjerdah, forêt ; on aperçoit Souk-Aras sur la gauche ; lignes rouges.

NOTES PRISES À CROISSET LE SAMEDI 12 JUIN 1858.

Lundi 24 mai. — Arrivé au Rieff, le soir.

Rieff. — Un tombeau romain, sur la droite ; je lis en passant : « Livius ». La ville se recule, à cause des vallons transversaux qui vous en séparent, il faut monter puis redescendre. — La maison du caïd, tout en haut à gauche : banc de maçonnerie à gauche, devant la porte, cour intérieure, énorme escalier droit, grande pièce. — Bain turc excellent ; raïs Ibrahim, ne craignant pas la chaleur, vient me voir dans la dernière étuve. C’est encore lui qui me donne l’éternel caouïeh. — Dîner arabe luxueux. — Bonne nuit. — Le caïd, petit homme maigre, grêlé.

Le lendemain, visité la ville. — Parti à midi ; départ solennel : cinq cavaliers, puis sept ; une vingtaine d’hommes à pied me suivent. C’est maintenant comme un bal masqué dans ma tête, et je ne me souviens plus de rien. Le caractère féroce du paysage finit au fond de la vallée. On tourne à gauche. Dans certains moments, il y a des banques de gazon, des vaches : c’est une place de parc anglais, et puis la montagne reprend.

Couché chez les Bédouins : tente blanche, ouverte ; la lune se lève en face, vent terrible. L’ombre