Page:Flaubert - Notes de voyages, II.djvu/40

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jeune fille française qui s’est empoisonnée pour ne pas épouser un homme que son père lui destinait, il l’avait même introduit dans sa chambre. Ces histoires d’empoisonnement par amour sont fréquentes à Smyrne, où l’on s’occupe beaucoup de galanteries. Stéphany nous dit que dans ce cimetière, le soir très tard ou le matin de très bonne heure, les p… turques viennent s’y faire b…, par les soldats particulièrement. Entre le cimetière et une caserne que l’on bâtit à gauche, vallon ; dans ce vallon, des moutons broutaient.

Le soir, nous allons voir la Lucia, représentée convenablement. — Oscar dans la loge de l’amant de la prima donna. — M. Constant et sa femme, en chapeau blanc ; à côté d’eux Aline Duval, en chapeau rose avec un voile noir.

Mercredi, nous avons passé le pont de Galata pour aller de l’autre côté, à Stamboul. Sur le pont, rencontré un Indien richement vêtu, de couleurs vertes et or ; il marche doucement sous un parapluie, quoiqu’il n’y ait guère de soleil, et porte un binocle en écaille ; il a habité trois ans la France.

Bazars : me semblent sans fin. — Ludovic. — Écrivains dans de petites boutiques, où nous faisons écrire le nom de Bouilhet. — Nous allons donner à manger aux pigeons de la mosquée de Bajazet (Baiezidiey), ils s’abattent de tous les côtés de la mosquée. — Bruit du grain qui tombe sur eux et les fait s’envoler un peu, quand on le leur jette. Un homme est là, près d’un coffre plein de grain, où il le puise avec une tasse.

Jeudi. — Été à Scutari. — Rue en pente et déserte, café à l’entrée du champ des morts, où nous attendons l’heure d’entrer chez les hurleurs.