Page:Flaubert - Par les champs et par les grèves.djvu/302

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Le second cadre représente Le Mariage. Nous sommes à l’église, le prêtre, l’autel, la fiancée en blanc, l’anneau qu’on se passe au doigt ; la mère pleure, le père du jeune homme dans un coin est attendri, mais sourit ; toutes les femmes ont des chapeaux à plumes ; le marié en noir, frisé dur comme du fer, pantalon encore bien plus collant, bottes très pointues : c’est un chérubin.

Troisième tableau, Le Bal. Réunion du grand monde, luxe somptueux ; deux lustres, brillants quadrilles, perspective de pieds chaussés d’escarpins très pointus dont la file se prolonge indéfiniment, chaînes de montres partout, pluie d’écharpes et de turbans, éblouissement complet. Cependant le marié tire à part sa compagne et lui dit d’une voix enflammée : « Mon amie, qu’il me tarde que tu partages ma demeure et ma couche, je te possède, viens ! veux-tu connaître des fêtes plus aimables que celle où nos conviés assistent pour nous plaire ? l’hymen va te l’apprendre… », etc.

Quatrième tableau, Le Coucher de la mariée. On la déshabille, le lit est là tout ouvert, avec la table de nuit, le bougeoir et les allumettes chimiques. La mère glisse à l’oreille de sa fille « des mots mystérieux sur les nouveaux devoirs qu’elle a à remplir » ; par la porte entrebâillée on voit le marié « brûlant d’amour » qui veut à toute force entrer, mais les demoiselles d’honneur le repoussent et « font pour un moment obstacle à ses vœux », tout dévoré qu’il est « de la plus légitime, de la plus pure, de la plus touchante des impatiences ».