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THÉÂTRE.

Amédée, un peu auparavant, s’est rapproché de Paul qui lui a parlé à l’oreille, et sur le dernier mot de Mme de Mérilhac, gaiement :

Le mystère est bien simple, Paul a demandé et obtenu la main de Mlle Valentine.

Madame de Mérilhac pousse un cri.

Valentine ! (Se contraignant.) J’en suis ravie… enchantée, certainement. (À Mme Duvernier.) Vous aurez là, Madame, une belle-fille on ne peut mieux. (À Paul.) Je vous félicite, Monsieur ! (Tâchant de se remettre.) La nouvelle de ces événements, quand on s’y intéresse, a toujours quelque chose qui impressionne.

Une fille de basse-cour entre, essoufflée.

Il y a là une dame qui veut à toute force parler au général.

Le Général.

On y va, sacrrr…

Embarras général.
Amédée.

Qu’est-ce que vous avez donc à vous regarder tous sans rien dire ? Moi, par principe et caractère, je ne suis pas pour le mariage, assurément ; mais quand c’est plus fort que vous, je trouve cela très bien et permets qu’on en use. Allons dîner ! (On se met en mouvement pour passer dans la salle à manger, d’une façon contrainte. Mme de Mérilhac, seule, en tête ; Mme de Grémonville au bras de Paul, Mme Duvernier au bras du général, Valentine au bras de M. des Orbières ; Thérèse, seule, après tous les autres ; enfin Amédée. Il regarde les convives, et au public.) Pas de femme ! moi ! jamais de femme !