Page:Flaubert - Théâtre éd. Conard.djvu/438

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
434
THÉÂTRE.

Amédée.

Voilà mon caractère, Madame, quand une chose me plaît, je m’y livre corps et âme… (À Thérèse, amoureusement.) Oui, corps et âme !

Paul.

Et cela te réussit, tu m’as l’air d’avoir maintenant une santé…

Amédée, avec joie.

N’est-ce pas ? aussi je me suis condamné à une hygiène impitoyable. J’aimais le sucre, plus de sucre ! j’adorais les légumes, les primeurs ; rien que des viandes rouges ! le vin… ne me déplaisait pas, je m’en gorge et je n’y mets jamais d’eau, c’est le régime. Quant au sommeil, six heures de lit, bonne mesure, et tous les matins, sur la nuque, un plein baquet qu’on a été remplir à la pompe !

Madame de Grémonville, frissonnant.

Brrrr !…

Amédée.

Mes cheveux repoussent… il y a mieux : ils repoussent tout noirs. (À Paul, en penchant sa tête vers lui.) Vois toi-même !

Paul, riant.

C’est ma foi vrai !

Amédée.

Le régime ! Mme de Grémonville.) Et il ne m’empêche pas d’avoir des préoccupations… plus charmantes ; je me suis présenté tout à l’heure à votre hôtel, dans l’intention (il prend son bouquet) d’offrir à Mademoiselle ces modestes fleurs.