Page:Flor O’Squarr - Les Coulisses de l’anarchie.djvu/268

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Pour peu qu’on l’y pousse, ou simplement mu par la manie de la propagande, il vous expliquera que ce que l’on nomme la patrie est une invention monstrueuse et diabolique, imaginée par les princes pour diviser les peuples et les ruer les uns sur les autres. La patrie, il la hait.

Ne nous attardons pas à l’en blâmer. Haussons les épaules. Quand il parle ainsi l’anarchiste dit une bêtise, une hideuse bêtise. Il ignore, il oublie que la patrie est un coin de terre, une région des milliers, des millions d’hommes s’unissent, s’entraident, fraternisent, s’aiment sans se connaître parce qu’ils sont nés sous le même ciel, parce qu’ils ont répété la même prière, chanté les mêmes strophes, partagé le même berceau et les mêmes épreuves, traversé la même histoire, travaillé ensemble, espéré ensemble. Lorsque l’anarchiste célèbre la solidarité et reproche au bourgeois d’en manquer, il oublie qu’elle est merveilleuse par l’esprit de solidarité cette idée de patrie qui amène le provençal français à se lever dès le premier coup de clairon pour défendre le flamand français, ou le breton français, ou le basque ou l’auvergnat, — ou l’allemand français qui est en Alsace. Il oublie que la patrie est un communisme et que, quoiqu’il advienne d’elle, elle sera glorifiée parce qu’elle aura fondé entre des hommes de même race, l’union et l’amour.

La suppression des frontières, des douanes, des diplomaties, des marines militaires ne détruira point les caractères mentaux et physiologiques qui