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LES ANARCHISTES ANONYMES

méfiant et merveilleusement maître de lui comme Ravachol, toute précaution était bonne à prendre. Mais l’instruction y perdit son temps et sa peine. Jamais la justice ne découvrit aucun des bienfaiteurs anonymes du dynamiteur.

On connut les expéditeurs des offrandes avouées ; mais on les connaissait auparavant déjà. C’étaient pour la plupart des anarchistes avérés, des ouvriers de Paris ou de Saint-Étienne qui expédiaient à Ravachol de petits mandats de deux, cinq ou sept francs. Bien peu de ces anarchistes s’étaient rencontrés avec le dynamiteur. Ils donnaient leur sou de poche par sympathie pure, et ne s’en cachaient point. Grâce à ces petites sommes, Ravachol ne manqua de rien pendant tout le temps de son séjour à Paris. Il eut des fruits, des légumes, des fleurs et beaucoup plus d’argent qu’il ne lui en fallait, car il était très sobre — comme la plupart des fanatiques trop occupés de leur chimère pour songer à jouir de la vie. Enfin il serait bien possible que, parmi les offrandes avouées, Ravachol eût reçu quelques francs sortis de la bourse de Mme la duchesse d’Uzès. Je me hâte d’ajouter qu’en tous cas l’envoi ne fut pas direct, et je m’explique immédiatement. Le 22 avril, la police opéra dans Paris une large rafle d’anarchistes. Le gouvernement, ce faisant, prenait une précaution inutile en vue du 1er mai, — inutile parce que la journée du 1er mai est celle du parti ouvrier et non celle des anarchistes, lesquels considèrent que réduire les revendications proléta-