Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/254

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M. Chabrié, j’écrivis à mon oncle la lettre suivante où moi-même, comme me l’a dit le président de la cour d’Aréquipa et pour me servir de son expression, je me coupai la tête en quatre.


À Monsieur Pio de Tristan.


« Monsieur,

« C’est la fille de votre frère, de ce Mariano chéri de vous, qui prend la liberté de vous écrire ; Je me plais à croire que vous ignorez mon existence et que de plus de vingt lettres que ma mère vous a écrites, pendant dix ans, aucune ne vous est parvenue. Sans un dernier malheur qui m’a réduite au comble de l’infortune, jamais je ne me serais adressée à vous. J’ai trouvé une occasion sûre pour vous faire parvenir cette lettre et j’ai l’espoir que vous n’y serez pas insensible. J’y joins mon extrait de baptême ; s’il vous restait quelques doutes, le célèbre Bolivar, l’ami intime des auteurs de mes jours, pourra les éclaircir ; il m’a vu élever par mon père, dont il fréquentait habituellement la maison. Vous pourriez voir aussi son ami, connu par nous sous le nom de Robinson, ainsi que M. Bompland, que vous avez dû connaître avant qu’il ne fût prisonnier au Paraguay. Je pourrais vous citer d’autres personnes ; mais celles-ci suffisent. Je vais, avec laconisme, vous exposer les faits.

« Pour se dérober aux horreurs de la révolution, ma