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tuyaux de gouttières. Cette redoute se trouvait dominée par une position que la nature elle-même avait fortifiée, et où l’ennemi pouvait se loger sans obstacle, s’il venait par le chemin qui la joignait ; or, comme Aréquipa est une ville ouverte où l’on peut arriver par dix chemins différents, il était difficile de prévoir celui que prendrait l’ennemi.

L’infanterie, campée sur plusieurs lignes auprès de la redoute, avait l’air très misérable ; les malheureux soldats couchaient sous de petites tentes mal fermées et faites d’une toile tellement claire, qu’elle ne pouvait les garantir des pluies fréquentes de la saison. La cavalerie, commandée par le colonel Carillo, occupait beaucoup plus de place ; elle était établie de l’autre côté de la redoute ; le général me faisait galoper devant cette longue file de chevaux qui étaient sur un rang et très écartés les uns des autres. Il n’y avait pas plus d’ordre là que dans le quartier de l’infanterie, tout cela était pitoyable. A l’extrémité du camp, derrière les tentes des soldats, étaient cantonnées les ravanas, avec tout leur attirail de cuisine et d’enfants ; on voyait du linge qui séchait, des