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sent, tout en faisant une dépense énorme en espions, nous n’avons pu obtenir un mot de vrai sur ce qui se passe dans le camp de l’ennemi ? Le général ne veut pas que je m’en mêle ; l’amour-propre de ce sot se sent blessé d’un sage conseil, et il me cache tout ce qu’il peut.

Depuis deux jours, les troupes étaient rentrées dans leurs casernes ; on avait été obligé de les faire revenir, tant elles étaient exténuées par les fatigues et les privations qu’elles avaient éprouvées pendant leur inutile séjour dans le camp. Il semble que, d’après un avis qu’il croyait si sûr, le général aurait dû s’empresser de faire ressortir les troupes, soit pour reprendre la position qu’elles venaient de quitter, soit pour les établir dans la nouvelle que la circonstance pouvait exiger ; qu’il aurait dû n’oublier aucune des précautions indiquées par la prudence, pour éviter toute surprise, de la part de l’ennemi, la confusion parmi les troupes et l’alarme dans le peuple ; que tout, enfin, devait être prévu, et des mesures prises pour prévenir les désordres qui pouvaient résulter dans la ville de la victoire ou de la défaite : telle eût été la conduite de tout militaire qui eût eu le sens commun ; mais le général Nieto ne songea à