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hautaine et plus choquante dans ses distinctions que celle dont le spectacle me frappa d’étonnement en entrant à Santa-Rosa. Là règnent, dans toute leur puissance, les hiérarchies de la naissance, des titres, des couleurs de la peau et des fortunes ; et ce ne sont pas de vaines classifications. À voir dans le couvent marcher en procession les membres de cette nombreuse communauté, vêtus du même uniforme, on croirait que la même égalité subsiste en tout ; mais entre-t-on dans l’une des cours, on est surpris de l’orgueil qu’apporte la femme titrée dans ses relations avec la femme de sang plébéien ; du ton de mépris qu’affectent les blanches envers celles de couleur, et les riches à l’égard de celles qui ne le sont pas. C’est en voyant ce contraste, d’une humilité apparente et de l’orgueil le plus indomptable, qu’on est tenté de répéter ces paroles du sage : « Vanité des vanités. »

Nous fûmes reçues à la porte par des religieuses que la supérieure envoyait pour nous recevoir. Cette grave députation nous conduisit, avec tout le cérémonial voulu par l’étiquette, jusqu’à la cellule de la supérieure, qui était malade et couchée. Son lit était supporté par