Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/23

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à moi, vous m’abandonnez aux horreurs de la pauvreté, vous me livrez au désespoir, vous m’obligez à vous mépriser ; vous, que mon père m’apprit à aimer, vous, le seul parent sur lequel reposaient toutes mes espérances ! Ah ! homme sans foi, sans honneur, sans humanité, je vous repousse à mon tour, je ne suis pas de votre sang, et je vous livre aux remords de votre conscience. Je ne veux plus rien de vous. Dès ce soir, je sortirai de votre maison, et demain toute la ville connaîtra votre ingratitude pour la mémoire de ce frère qui provoque vos larmes toutes les fois que vous prononcez son nom, votre dureté à mon égard, et de quelle manière vous avez trompé l’imprudente confiance que j’avais placée en vous.

Je sortis de son cabinet et rentrai dans ma grande salle voûtée. J’étais dans un état d’exaspération et de souffrance que les paroles ne pourraient faire concevoir. J’écrivis aussitôt à M. Viollier : lorsqu’il fut chez moi je le priai de me trouver un logement, lui confiant que je ne voulais pas rester plus longtemps chez mon oncle. Il me supplia d’attendre deux jours, M. Le Bris devant arriver d’Islay le surlendemain.