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réellement curieux à examiner ; lorsqu’en Europe je voudrai les peindre par leurs actions, on ne me croira pas.

— Écrivez toujours votre voyage, et si les Français ne vous croient pas, les Péruviens profiteront peut-être des vérités que vous aurez le courage de leur dire.

Escudero jugeait comme Althaus les hommes avec lesquels il était forcé de vivre ; mais, plus doux de manières et de caractère que mon cousin, il s’amusait, en homme de bonne compagnie, des ridicules qu’il voyait : il avait, pour les Péruviens, cette indulgence outrageante qu’on accorde à ceux auxquels on dédaigne de faire une remontrance.

Avant de quitter Aréquipa, je voulus aussi aller faire mes adieux à ma cousine la monja de Santa-Rosa.

Ce fut seule que j’allai faire cette visite. Le courage, la persévérance qu’a manifestés la jeune religieuse sont admirés de tout le monde ; mais elle vit dans l’isolement ; et, quoiqu’elle soit alliée aux familles les plus riches et les plus influentes du pays, personne n’ose la voir, tant les préjugés de la superstition ont conservé de puissance sur ce peuple ignorant et crédule.