Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/291

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
287

tion futile, qui ne les rend propres à aucun des emplois de la société. Ils les avaient destinés, sans doute, à manger de l’argent et non à en gagner. Convenez, mon oncle, que l’accusation portée contre l’éducation européenne est de la dernière injustice. Althaus, Escudero, Bolivar et vous-même, mon oncle, avez tous été élevés en Europe ; il me semble que vous quatre faites assez d’honneur à l’éducation qu’on y reçoit, pour qu’aucun de vous ne se range au nombre de ses détracteurs.

— Althaus, Escudero avaient leurs parents auprès d’eux pour diriger leur éducation, Bolivar a eu pour guide et ami Rodriguez, homme d’un grand mérite, et moi j’ai eu votre père, mon cher Mariano, dont les soins, la sollicitude ne me perdaient jamais de vue, et qui me traitait en tout comme son fils. Votre père, élevé au collège de la Flèche, se trouvant bien de l’éducation qu’il y avait reçue, vint me chercher : je n’avais alors que sept ans, et me mis dans le même collège. À l’âge de dix-huit ans, il m’en retira pour me faire entrer comme sous-officier dans le superbe régiment des gardes-wallonnes. Mon service me laissait beaucoup de temps et mon frère me le faisait employer à l’étude : il