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ville, la route, bordée de grands arbres, forme une avenue dont l’effet est vraiment majestueux. Sur les bas-côtés, se promenaient un assez bon nombre de piétons ; plusieurs jeunes gens à cheval passèrent aussi auprès de notre voiture. Cette avenue est, me dit-on, une des promenades des Liméniens ; parmi les promeneuses, il y en avait beaucoup en saya ; ce costume me parut si bizarre, qu’il captiva toute mon attention. La ville est fermée, et, au bout de l’avenue, nous arrivâmes à une des portes. Ses deux pilastres sont en briques ; le frontispice, qui portait les armoiries d’Espagne, avait été mutilé. Des commis visitèrent la voiture, comme cela se pratique aux barrières de Paris. Nous traversâmes une grande partie de la ville ; les rues me parurent spacieuses et les maisons entièrement différentes de celles d’Aréquipa. Lima, si grandiose, vue de loin, quand on y pénètre, ne tient plus ses promesses, ne répond pas à l’image qu’on s’en était faite. Les façades des maisons sont mesquines, leurs croisées sans vitres ; les barreaux de fer dont elles sont grillées rappellent des idées de méfiance, de contrainte, en même temps qu’on est attristé par le peu de mouvement qu’offrent presque toutes