Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/32

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chise ne pouvait, en effet, me faire supposer aucune sympathie pour des gens tels que mon oncle et ma tante, qui, n’ayant pour mobiles que l’ambition et la cupidité, modelaient leur caractère flexible au gré de leur intérêt, selon l’occurrence du moment. Le mien n’était pas aussi facilement contournable ; il avait conservé son indépendance native, et cette angélique résignation n’en provenait pas ; mais je cédais à la dure loi que m’imposaient les circonstances de ma position, circonstances que je ne pouvais révéler ni à M. Le Bris, ni à qui que ce fut.

L’intérêt de mes enfants subjuguait mon caractère. Si j’amenais mon oncle devant les tribunaux, si je faisais du scandale, je me l’aliénais à jamais ; j’avais peu de chance pour triompher de son influence, et avec le procès je perdais aussi la protection qu’il pourrait accorder à mes enfants. Certes, si je n’avais eu à songer qu’à moi, je n’eusse pas balancé un seul instant ; mes prétentions étant appuyées de mon extrait de baptême, dans un pays où c’est à peu près le seul titre qui constate la légitimité, j’aurais tenté de reconquérir la situation que mon imprudente lettre m’avait fait perdre ; et si je n’avais été