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J’avais renoncé, en quittant Escudero, à tous mes grands projets d’ambition, et je ne voulais plus entendre parler de politique ; je redevins jeune, gaie, et, pour la première fois de ma vie, d’une insouciance complète. Je n’ai jamais joui d’une meilleure santé ; j’engraissais à vue d’œil ; mon teint était clair et reposé ; je mangeais avec appétit, dormais parfaitement ; en un mot, je puis dire que ces deux mois furent la seule époque de mon existence où je n’ai pas souffert.

Le lendemain de mon arrivée, il me survint quelques désagréments avec le consul de France, M. Barrère, voici l’affaire : lors de mon départ d’Aréquipa, les Français résidants dans cette ville, profitant de l’occasion, adressèrent une demande collective à M. Barrère, afin qu’il investît M. Le Bris de pouvoirs spéciaux, pour que celui-ci pût protéger leurs intérêts gravement compromis par les derniers événements politiques. M. Morinière était venu me prier, au nom des pétitionnaires, d’exposer de vive voix au consul les motifs puissants qui les avaient portés à lui adresser cette demande ; et, de son côté, M. Le Bris m’avait chargée de lui expliquer ce qu’il désirait dans cette conjoncture.