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à l’approche de l’armée autrichienne du feld-maréchal Frimond. Hé bien ! les sénateurs péruviens ne le cèdent en rien à ceux que Naples offrit en spectacle au monde, en 1822 ; présomptueux, hardis en paroles, débitant avec assurance des discours pompeux, dans lesquels respirent le dévouement, l’amour de la patrie, tandis que chacun d’eux ne songe qu’à ses intérêts privés et nullement à cette patrie, que, du reste, la plupart de ces fanfarons seraient incapables de servir. Ce n’est, dans cette assemblée, que permanentes conspirations pour s’approprier les ressources de l’État ; ce but se cache au fond de toutes les pensées : la vertu colore les discours, mais l’égoïsme le plus vil se montre dans les actes. En écoutant ces beaux phraseurs, je pensais au journal du moine Baldivia, aux harangues de Nieto, aux circulaires du préfet, aux discours du chef des Immortels ; je comparais, dans mes souvenirs, la conduite de tous ces meneurs d’Aréquipa à leurs paroles ; et je vis de quelle manière il fallait interpréter les discours des orateurs du congrès, et juger du courage, du désintéressement, du patriotisme dont ils faisaient l’étalage.

Le palais du président est très vaste, mais