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Je ne me bornai pas à visiter les promenades et les édifices de Lima ; je cherchai encore à m’introduire chez les principaux habitants, pour en connaître les mœurs et usages. J’avais été recommandée à plusieurs familles, et, en outre, à deux de mes cousines d’Aréquipa, la seňora Balthazar de Benavedez, et la seňora Inès de Izcué. Je fus très bien accueillie dans ces deux maisons, où l’on me donna des dîners d’apparat. Rien au monde n’est plus ennuyeux que ces dîners : on y déploie un grand luxe en vaisselle, en cristaux, en toutes choses, mais particulièrement en mets et friandises de mille sortes. Lima se distingue par ses progrès en cuisine : l’art culinaire y fleurit ; et, depuis dix ans, tout se fait à la française. Le pays fournit de très bonne viande, de beaux légumes, du poisson de toute espèce, une grande abondance de fruits exquis ; et il est facile de se procurer, à peu de frais, un ordinaire somptueux. Ces banquets étaient, pour moi qui ai l’habitude de dîner en dix minutes, une fatigue inimaginable ; on sert deux et trois services, et il faut manger de tout pour ne pas enfreindre des usages de la politesse. il me fallait incessa-