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femme encore, à dix-huit ans, elle avait dû être une créature ravissante de graces et de fraîcheur. Pauvre jeune fille, quand tu jouais dans tes vertes campagnes, tu ne pensais guère à la triste destinée que l’ambition de tes parents te réservait !

En 1822, arriva à Bruxelles un Péruvien nommé de la Riva-Aguero ; il s’introduisit, je ne sais comment, dans la famille de la jeune Caroline Delooz, s’y présenta avec un cortége de titres et se donna pour le président de la république du Pérou, dont il avait été forcé de s’absenter par suite de troubles révolutionnaires ; il amplifia, avec cette exagération propre à son pays, tout ce qui pouvait lui donner de l’importance et faire concevoir de lui une haute opinion ; enfin il réussit, par son éloquence et ses airs de grandeur, à intéresser la famille Delooz et à l’éblouir. Devenu amoureux de Caroline, il la demanda. M. Delooz, père de sept enfants, avait perdu une grande partie de sa fortune, et il avait quatre filles à marier ; il crut sur parole le soi-disant président du Pérou, possesseur, dans son pays, de grandes richesses ; le noble et ambitieux Hollandais vit donc, en cet étranger, un parti convenable pour