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mais je ne veux pas qu’il l’apprenne par moi.

— Althaus, vous devriez donner des conseils à ces gens-là ; vous voyez bien qu’ils n’ont aucune idée de ce qu’ils doivent faire au milieu des circonstances graves dans lesquelles leur ignorante témérité les a placés.

— Leur donner des conseils ! ah ! Florita, on voit bien que vous ne connaissez pas encore l’esprit des gens de ce pays ; ce sont des sots présomptueux qui croient avoir en eux la science infuse. Dans les premières années de mon séjour en Amérique, comme vous, j’étais peiné de leur voir commettre autant de fautes et leur remontrais, avec franchise, que, s’ils faisaient d’une autre manière, les choses iraient mieux. Savez-vous ce qu’il m’arriva ? Je me fis des ennemis implacables de tous ces imbécilles ; on se méfia de moi, on me fit mystère de tout, comme vous voyez que ceux-ci ont fait pour les armes ; et, sans le besoin urgent qu’ils avaient de mes connaissances, ils m’eussent chassé de chez eux comme un homme abominable. J’eus d’abord beaucoup à souffrir avec de tels gens ; mais, enfin, j’en pris mon parti, et sans m’en inquiéter, je les laissai faire leurs balourdises et me contentai de les plaisanter,