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Les villes de l’Amérique espagnole, séparées les unes des autres par d’immenses étendues de territoire sans culture et sans habitants, ont encore peu d’intérêts communs. Le besoin le plus urgent eût été de les doter d’organisations municipales proportionnées à l’avancement intellectuel de leurs populations et susceptibles de progresser avec elles ; de les unir par un lien fédératif qui n’aurait été que l’expression des rapports existants entre ces villes. Mais, pour s’affranchir de l’Espagne, il avait fallu mettre des armées sur pied, et, comme cela arrive toujours, la puissance du sabre a voulu dominer. Si les populations de ces républiques étaient rapprochées, il se rencontrerait plus d’unité de vues, et ces contrées ne présenteraient pas, depuis vingt ans, l’affligeant spectacle de guerres sans cesse renaissantes.

Le grand événement de l’indépendance a trompé toutes les prévisions : l’Angleterre a dépensé des sommes énormes pour le provoquer, et, depuis que l’Amérique espagnole est devenue indépendante, le commerce anglais y a fait des opérations ruineuses. Le sentiment qu’on a exploité pour exciter ces peuples à secouer le joug de l’Espagne n’a pas été l’amour