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livre i.

Demeuraient à jamais perdus.
Je les ai découverts, ils sont ma récompense.
Parlant ainsi, l’enfant vers le dattier s’élance,
Et jusqu’à son sommet tâche de se hisser.
L’entreprise était périlleuse ;
L’écorce tantôt nue, et tantôt raboteuse,
Lui déchirait les mains ou les faisait glisser.
Deux fois il retomba ; mais, d’une ardeur nouvelle,
Il recommence de plus belle,
Et parvient enfin, haletant,
À ces fruits qu’il désirait tant.
Il se jette alors sur les dattes,
Se tenant d’une main, de l’autre fourrageant,
Et mangeant
Sans choisir les plus délicates.
Tout à coup voilà notre enfant
Qui réfléchit et qui descend.
Il court chercher sa bonne mère,
Prend avec lui son jeune frère,
Les conduit au dattier. Le cadet incliné,
S’appuyant au tronc qu’il embrasse,
Présente son dos à l’aîné ;
L’autre y monte, et de cette place,
Libre de ses deux bras, sans efforts, sans danger,
Cueille et jette les fruits ; la mère les ramasse,
Puis sur un linge blanc prend soin de les ranger.
La récolte achevée, et la nappe étant mise,
Les deux frères tranquillement,