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livre ii.

Vous aviez déjà peur ; bannissez vos alarmes,
C’est de vos vertus qu’il s’agit.
Je veux peindre en mes vers des mères le modèle,
Le sarigue, animal peu connu parmi nous,
Mais dont les soins touchants et doux,
Dont la tendresse maternelle,
Seront de quelque prix pour vous.
Le fond du conte est véritable :
Buffon m’en est garant ; qui en pourrait douter ?
D’ailleurs tout dans ce genre a droit d’être croyable
Lorsque c’est devant vous qu’on peut le raconter.

Maman, disait un jour à la plus tendre mère
Un enfant péruvien sur ses genoux assis,
Quel est cet animal qui, dans cette bruyère,
Se promène avec ses petits ?
Il ressemble au renard. Mon fils, répondit-elle,
Du sarigue c’est la femelle ;
Nulle mère pour ses enfants
N’eut jamais plus d’amour, plus de soins vigilants.
La nature a voulu seconder sa tendresse,
Et lui fit près de l’estomac
Une poche profonde, une espèce de sac,
Où ses petits, quand un danger les presse,
Vont mettre à couvert leur faiblesse.
Fais du bruit, tu verras ce qu’ils vont devenir.
L’enfant frappe des mains : la sarigue attentive
Se dresse, et d’une voix plaintive