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notice

années cette mélancolie sans amertume qui est un des principaux caractères de son talent. Ce qui donne à la lecture de Florian un charme particulier, c’est qu’elle nous ramène souvent à lui-même ; c’est qu’il n’a oublié ni ses montagnes, ni son Gardon, ni le figuier et l’acacia qui en bordent les rivages, ni sa mère qu’il n’a presque pas vue et qu’il a toujours aimée. Ce qui nous frappe, avant tout, dans les ouvrages d’esprit, c’est l’homme qui s’y révèle. Retirez l’homme de la poésie, et je connais des gens qui feront bon marché du poëte.

Une autre affection de Florian, ce fut son aïeul, homme sage et doux, que la tradition nous représente sous des traits assez pareils à ceux du vieillard de Virgile. Les enfants qui ont quelque temps vécu sous les yeux d’un grand-père qui les aime ont ordinairement de grandes obligations à sa mémoire. Ils ont contracté dans son entretien des idées sérieuses qui les disposent à devenir hommes, et des idées bienveillantes qui les rendent dignes de se faire aimer à leur tour ; car la bienveillance est la vertu des vieillards qui n’ont pas perdu leur vie.

À treize ans Florian était entré comme page chez M. le duc de Penthièvre c’était peut-être alors le seul palais en France où l’éducation d’un jeune gentilhomme eût quelque chose à gagner. Il s’en exhalait un parfum de vertu que la calomnie n’osa jamais corrompre, et qui protégea ce bon prince contre la Révolution elle-même. Elle le laissa mourir de ses regrets et de sa douleur, parce qu’elle n’osa le tuer.

Tant de circonstances heureusement réunies devaient agir d’une manière avantageuse sur les développements d’une