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livre ii.

Sa patte dont il fait éponge.
Dans du millet en grain aussitôt il la plonge ;
Le grain s’attache tout autour.
Alors à cloche-pied, sans bruit, par un détour,
Il va gagner le champ, s’y couche
La patte en l’air et sur le dos,
Ne bougeant non plus qu’une souche.
Sa patte ressemblait à l’épi le plus gros ;
L’oiseau s’y méprenait, il approchait sans crainte,
Venait pour becqueter ; de l’autre patte, crac !
Voilà mon oiseau dans le sac.
Il en prit vingt par cette feinte.
Un moineau s’aperçoit du piège scélérat,
Et prudemment fuit la machine ;
Mais dès ce jour il s’imagine
Que chaque épi de grain était patte de chat.
Au fond de son trou solitaire
Il se retire, et plus n’en sort,
Supporte la faim, la misère,
Et meurt pour éviter la mort.