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livre iii.

Comme ils font quelquefois pour aiguiser leurs dents.
Autour du sanglier, les merles, les fauvettes,
Surtout les rossignols, voltigeant, s’arrêtant,
Répétaient à l’envi leurs douces chansonnettes,
Et le suivaient toujours chantant.
L’animal écoutait l’harmonieux ramage
Avec la gravité d’un docte connaisseur,
Baissait parfois la hure en signe de faveur,
Ou bien, la secouant, refusait son suffrage.
Qu’est ceci ? dit le financier ;
Comment ! les chantres du bocage
Pour leur juge ont choisi cet animal sauvage ?
Nenni, répond le jardinier :
De la terre par lui fraîchement labourée
Sont sortis plusieurs vers, excellente curée
Qui seule attire ces oiseaux ;
Ils ne se tiennent à sa suite
Que pour manger ces vermisseaux,
Et l’imbécile croit que c’est pour son mérite.