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livre iii.

Du royaume de Lavinie.
Mais ce riche pays était de toutes parts
Entouré d’un marais de bourbe,
Où des serpents et des lézards
Se jouait l’effroyable tourbe.
Il fallait le passer, et nos trois voyageurs
S’arrêtent sur le bord, étonnés et rêveurs.
L’hermine la première avance un peu la patte ;
Elle la retire aussitôt,
En arrière elle fait un saut,
En disant : Mes amis, fuyons en grande hâte ;
Ce lieu, tout beau qu’il est, ne peut nous convenir.
Pour arriver là-bas il faudrait se salir ;
Et moi je suis si délicate
Qu’une tache me fait mourir.
Ma sœur, dit le castor, un peu de patience ;
On peut, sans se tacher, quelquefois réussir :
Il faut alors du temps et de l’intelligence ;
Nous avons tout cela : pour moi, qui suis maçon,
Je vais en quinze jours vous bâtir un beau pont
Sur lequel nous pourrons, sans craindre les morsures
De ces vilains serpents, sans gâter nos fourrures,
Arriver au milieu de ce charmant vallon.
Quinze jours ! ce terme est bien long,
Répond le sanglier ; moi, j’y serai plus vite :
Vous allez voir comment. En prononçant ces mots,
Le voilà qui se précipite
Au plus fort du bourbier, s’y plonge jusqu’au dos,