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livre iii.

Mais ne vous fâchez pas si j’ose
Parler toujours de vous en parlant d’autre chose.

Un aigle, fils des rois de l’empire de l’air,
Sur le soleil fixant sa vue,
Ne vivait, ne planait qu’au-delà de la nue,
Et ne se reposait qu’au pied de Jupiter.
Cet aigle s’ennuyait ; le soleil et l’Olympe,
Lorsque sans cesse l’on y grimpe,
Finissent par être ennuyeux.
Notre aigle donc, lassé des cieux,
Descend sur un rocher. Près de lui vient se rendre
Une blanche colombe, aux yeux doux, à l’air tendre,
Et dont le seul aspect faisait passer au cœur
Ce calme qui toujours annonce le bonheur.
L’aigle s’approche d’elle, et, plein de confiance,
Lui raconte son déplaisir.
La colombe répond : Petite est ma science,
Mais je crois cependant que je peux vous guérir ;
Daignez me suivre dans la plaine.
Elle dit, l’aigle part. La colombe le mène
Dans les vallons fleuris, au bord des clairs ruisseaux,
Lui montre mille objets nouveaux,
Le fait reposer sous l’ombrage,
Ensuite le conduit sur de riants coteaux,
Et puis le ramène au bocage,
Où du rossignol le ramage
Faisait retentir les échos.