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livre iv.

Voit l’écureuil sur un rameau.
Il le mange des yeux, humecte de sa langue
Ses lèvres, qui de sang brûlent de s’abreuver.
Mais jusqu’à l’écureuil il ne peut arriver ;
Il faut donc, par une harangue,
L’engager à descendre, et voici son discours :
Ami, pardonnez, je vous prie,
Si de votre sommeil j’ose troubler le cours ;
Mais le pieux transport dont mon âme est remplie
Ne peut se contenir ; je suis votre cousin
Germain ;
Votre mère était sœur de feu mon digne père.
Cet honnête homme, hélas ! à son heure dernière,
M’a tant recommandé de chercher son neveu,
Pour lui donner moitié du peu
Qu’il m’a laissé de bien ! Venez donc, mon cher frère,
Venez, par un embrassement,
Combler le doux plaisir que mon âme ressent.
Si je pouvais monter jusqu’aux lieux où vous êtes,
Oh ! j’y serais déjà, soyez-en bien certain.
Les écureuils ne sont pas bêtes,
Et le mien était fort malin.
Il reconnaît le patelin
Et répond d’un ton doux : Je meurs d’impatience
De vous embrasser, mon cousin ;
Je descends ; mais, pour mieux lier la connaissance,
Je veux vous présenter mon plus fidèle ami,
Un parent qui prit soin d’élever mon enfance ;