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livre iv.

De ses accents filés la touchante harmonie,
Et ravit tous les cœurs par ses tendres chansons ;
L’assemblée applaudit. Bientôt on fait silence ;
Alors le rossignol commence :
Trois accords purs, égaux, brillants,
Que termine une juste et parfaite cadence.
Sont le prélude de ses chants.
Ensuite son gosier flexible,
Parcourant sans efforts tous les tons de sa voix.
Tantôt vif et pressé, tantôt lent et sensible,
Étonne et ravit à la fois.
Les juges cependant demeuraient en balance ;
Le linot, le serin, de la fauvette amis,
Ne voulaient point donner de prix ;
Les autres disputaient. L’assemblée en silence
Écoutait leurs doctes avis,
Lorsqu’un geai s’écria : Victoire à la fauvette !
Ce mot décida sa défaite ;
Pour le rossignol aussitôt
L’aréopage ailé tout d’une voix s’explique.

Ainsi le suffrage d’un sot
Fait plus de mal que sa critique.