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livre iv.

Dispersant son troupeau sur les rives du Tage,
Au milieu de la neige il chante le printemps.
Point de mal jusque-là : chacun à sa manière
Est libre d’avoir du plaisir.
Mais il vint à passer une grosse vachère ;
Et le pasteur, pressé d’un amoureux désir,
Court et tombe à ses pieds : belle Timarette !
Dit-il, toi que l’on voit parmi tes jeunes sœurs
Comme le lis parmi les fleurs,
Cher et cruel objet de ma flamme secrète,
Abandonne un moment le soin de tes agneaux,
Viens voir un nid de tourtereaux
Que j’ai découvert sur ce chêne.
Je veux te le donner : hélas ! c’est tout mon bien.
Ils sont blancs : leur couleur, Timarette, est la tienne ;
Mais, par malheur pour moi, leur cœur n’est pas le tien,
À ce discours, la Timarette,
Dont le vrai nom était Fanchon,
Ouvre une large bouche, et, d’un œil fixe et bête,
Contemple le vieux Céladon,
Quand un valet de ferme, amoureux de la belle,
Paraissant tout à coup, tombe à coups de bâton
Sur le berger tendre et fidèle,
Et vous l’étend sur le gazon :
Don Quichotte criait : Arrête,
Pasteur ignorant et brutal ;
Ne sais-tu pas nos lois ? Le cœur de Timaretle
Doit devenir le prix d’un combat pastoral ;