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livre v.

Et leur courage et leur douleur.
Un bon vieux petit chien, de la charmante espèce
De ceux qui vont portant jusqu’au milieu du dos
Une toison tombante à flots,
Exhalait ainsi sa tristesse :
Il faut donc vous quitter, ô pénates chéris !
Un barbare, à l’âge où je suis,
M’oblige à renoncer aux lieux qui m’ont vu naître.
Sans appui, sans secours, dans un pays nouveau,
Je vais, les yeux en pleurs, demander un tombeau
Qu’on me refusera peut-être.
Ô tyran, tu le veux ! allons, il faut partir.
Un barbet l’entendit ; touché de sa misère :
Quel motif, lui dit-il, peut t’obliger à fuir ?
— Ce qui m’y force ? ô ciel ! Et cet édit sévère
Qui nous chasse à jamais de cet heureux canton ?…
— Nous ? — Non pas vous, mais moi. — Comment ! toi.
mon cher frère ?
Qu’as-tu donc de commun ?… — Plaisante question !
Eh ! ne suis-je pas un lion[1] ?

  1. La petite espèce de chiens dont on veut parler porte le nom de chiens-lions.