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livre v.

S’il ne te manque rien, si je peux y pourvoir.
Jamais, répond la jardinière,
Vous ne fîtes meilleure affaire :
La paix et le bonheur habitent ma maison ;
Je tâche d’être bonne, et mon époux est bon ;
Il sait m’aimer sans jalousie,
Je l’aime sans coquetterie ;
Ainsi tout est plaisir, tout jusqu’à nos travaux ;
Nous ne désirons rien, sinon qu’un peu de pluie
Fasse pousser nos artichauts.
— C’est là tout ? — Oui vraiment. — Tu seras satisfaite,
Dit le vieillard ; demain je célèbre la fête
De Jupiter, je lui dirai deux mots :
Adieu, ma fille. — Adieu, mon père.
Le prêtre de ce pas s’en va chez la potière
L’interroger, comme sa sœur,
Sur son mari, sur son bonheur.
Oh ! répond celle-ci, dans mon petit ménage
Le travail, l’amour, la santé,
Tout va fort bien, en vérité ;
Nous ne pouvons suffire à la vente, à l’ouvrage :
Notre unique désir serait que le soleil
Nous montrât plus souvent son visage vermeil
Pour sécher notre poterie.
Vous, pontife du dieu de l’air,
Obtenez-nous cela, mon père, je vous prie ;
Parlez pour nous à Jupiter.
— Très volontiers, ma chère amie ;