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livre v.

Je cours, j’atteins le loup, qui, laissant son festin,
Vient m’attaquer : je le terrasse,
Et je l’étrangle sur la place.
C’était bien jusque-là ; mais, pressé par la faim,
De l’agneau dévoré je regarde le reste ;
J’hésite, je balance… À la fin, cependant,
J’y porte une coupable dent :
Voilà de mes malheurs l’origine funeste.
La brebis vient dans cet instant.
Elle jette des cris de mère…
La tête m’a tourné, j’ai craint que la brebis
Ne m’accusât d’avoir assassiné son fils,
Et, pour la forcer à se taire,
Je l’égorge dans ma colère.
Le berger accourait armé de son bâton.
N’espérant plus aucun pardon,
Je me jette sur lui ; mais bientôt on m’enchaîne.
Et me voici prêt à subir
De mes crimes la juste peine.
Apprenez tous du moins, en me voyant mourir,
Que la plus légère injustice
Aux forfaits les plus grands peut conduire d’abord,
Et que, dans le chemin du vice,
On est au fond du précipice,
Dès qu’on met un pied sur le bord.