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ruth,

Que ma reconnaissance à ses yeux se déploie !
Voici les premiers pleurs que je donne à la joie.
Vous voyez Bethléem, ma fille ; cet ormeau
De la tendre Rachel vous marque le tombeau.
Le front dans la poussière, adorons en silence
Du Dieu de mes aïeux la bonté, la puissance.
C’est ici qu’Abraham parlait à l’Éternel. »
Ruth baise avec respect la terre d’Israël.

Bientôt de leur retour la nouvelle est semée.
À peine de ce bruit la ville est informée
Que tous vers Noémi précipitent leurs pas.
Plus d’un vieillard surpris ne la reconnaît pas.
« Quoi ! c’est là Noémi ? — Non, leur répondit-elle,
Ce n’est plus Noémi ; ce nom veut dire belle ;
J’ai perdu ma beauté, mes fils et mon ami :
Nommez-moi malheureuse, et non pas Noémi. »

Dans ce temps, de Juda les nombreuses familles
Recueillaient les épis tombant sous les faucilles ;
Ruth veut aller glaner. Le jour à peine luit
Qu’aux champs du vieux Booz le hasard la conduit,
De Booz dont Juda respecte la sagesse,
Vertueux sans orgueil, indulgent sans faiblesse,
Et qui, des malheureux l’amour et le soutien,
Depuis quatre-vingts ans fait tous les jours du bien.

Ruth suivait dans son champ la dernière glaneuse ;